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Samuel Etienne, journaliste : « Je laisse souvent la maman prendre les décisions les moins sympas, celles qui fâchent »

L’animateur, journaliste, streamer Samuel Etienne, 52 ans, a eu ses enfants assez tard, du moins sur l’échelle de quelqu’un qui a commencé à y penser très tôt. Malo et Solal ont respectivement 7 ans et 3 ans. Leur père, animateur de « Questions pour un champion », qui a lancé sa chaîne sur Twitch, la plate-forme de vidéo en direct, en 2020, et y a développé plusieurs émissions à succès, leur consacre tout son temps libre. Ce qui est encore trop peu à son goût.
Tout de suite, dès la naissance. J’attendais tellement ce moment ! Depuis l’adolescence, c’était pour moi une évidence : j’allais avoir des enfants. J’avais des parents pas très présents – mon père était chef d’entreprise et gérait plusieurs poissonneries, ma mère faisait la compta. J’avais un petit frère et une petite sœur. On ne manquait de rien, mais mes parents me manquaient un peu quand même. Même si j’avais compris que quantité n’était pas qualité, j’aurais bien aimé les voir un peu plus. J’avais le sentiment de grandir dans un cadre privilégié, matériellement et affectivement. J’ai eu envie de reproduire la responsabilité que j’avais vu mes parents endosser, mais de la vivre différemment.
Non, pas encore. Je pleure au cinéma ou quand je lis la presse écrite.
J’ai un défaut, notamment depuis que je suis streamer : je jure beaucoup. Solal m’a dit : « Papa, j’ai dit à la maîtresse que tu dis beaucoup “putain”. »
Parfois, quand ça ne va pas dans le sens qu’ils souhaitent, il y a un petit rejet des enfants, qui peut prendre la forme de « je t’aime pas ». Parce que je laisse souvent la maman prendre les décisions les moins sympas, celles qui fâchent, je les ai souvent entendus le dire à leur mère. Quand elle entend ces mots, elle doit en souffrir. Je devrais davantage assumer ma part de création de frustration de l’enfant.
Très tôt, mes parents m’ont sensibilisé à la question : « Qu’est-ce que tu vas faire plus tard ? » Mes parents venaient d’un milieu modeste et ont beaucoup travaillé, on était vraiment dans la méritocratie. Le discours « Tu travailles pour toi » était très présent à la maison. Je me rends compte que j’ai commencé très tôt à le dire, à ma manière, à mes enfants : « Réfléchis à ce métier qui va t’apporter beaucoup de plaisir et pour lequel tu as besoin de bien travailler à l’école dès maintenant. » Je manque de subtilité dans mon approche. Enoncé à un enfant de 4 ans, c’est lourd, et mon discours pro-école entraîne des réactions dubitatives…
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